Que Ta Joie Demeure Denis Côté

Autant de questions que j'avais envie d'exploiter», raconte-t-il. Sachant que son œuvre est à ranger dans la catégorie «films essais», au même titre d'ailleurs que Bestiaire ou Carcasse, Côté voulait s'aventurer ailleurs. «Je me suis demandé si je pouvais faire un autre genre de film avec du matériel beaucoup moins étonnant doté d'un rythme plus rapide. Au lieu de la contemplation, cette fois créer une sorte de prise d'otage du spectateur par le son. Mon seul argument était surtout de savoir si je pouvais trouver de la poésie dans un truc aussi peu spectaculaire», dit-il. Une chose est certaine. Le réalisateur n'a jamais eu l'intention de réaliser un film critique sur la condition des travailleurs. «On peut le définir comme une allégorie sur le concept du travail sans aucun militantisme. Dans ce cas, on a plutôt à faire à une œuvre remplie de substance. Oui, tout le monde travaille, mais les gens n'ont pas l'air de souffrir. Ce n'est pas une parabole anticapitalisme. Il existe des gens qui travaillent et qui aiment ce qu'ils font», affirme-t-il.

Loisirs

Les machines s'y donnent à voir et à entendre dans un défilé de morphologies, de rythmes, de mécanismes propres à chacune. Puis les ouvriers apparaissent, et épousent leurs mouvements. Denis Côté aborde tout cela en peintre (de lumière), cherchant les angles, les cadres, le rythme qui feront de ce ballet une spectacle fascinant pour le spectateur. Se focalisant sur des contrastes de matières évocateurs – spirale de fer expulsée sous la pression d'un foret, lame de métal arrosée d'un liquide blanchâtre, souplesse du textile pris dans la raideur de pinces mécaniques… S'amusant à filmer l'invisible – la lumière irregardable de la soudure qui illumine l'écran, convoquant toute une histoire de l'excès de lumière au cinéma, notamment celle de la pellicule brûlée dans le cinéma expérimental. Produisant également une certaine étrangeté, en captant non seulement l'action mais aussi ses marges – moments de flottement, de pause ou de stase inexpliquée, lenteur occasionnelle –, la précision de certains gestes et la simplicité d'autres.

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Loin d'être une charge à fond de train contre le travail industriel, le film se veut davantage un hommage à l'ouvrier et une incursion dans son milieu. Les acteurs sont subtils, mais prennent leur place peu à peu dans le film pour devenir très théâtraux. Comme Denis Côté en a le secret, nous sentons les frontières entre le documentaire et la fiction s'entrechoquer habilement tout au long du film avec un résultat très déstabilisant pour le spectateur. La méthode du film s'inscrit dans la lignée des oeuvres plus pointues du réalisateur (Carcasses ou Bestiaires), mais toujours avec les touches d'humour décalé qui font sa marque depuis les tout débuts. Les personnages sont en ce sens une composante essentielle du film en y ajoutant une saveur inattendue et une couleur qui leur est propre. À la manière de l'inoubliable Jean-Paul Colmor de Carcasses, ils ont tous une personnalité bien campée et très originale. Les dialogues se transforment avec eux au fur et à mesure que l'œuvre progresse pour prendre de plus en plus d'importance au sein du film et à travers un excellent jeu d'acteurs et un travail d'écriture savoureux, le spectateur est peu à peu sorti de sa zone de confort dans la seconde portion du film.

Les comédiens sont comme des grains de sable qui viendraient gripper la mécanique initiale et révéler l'impensé du travail. Les régimes de discours les plus divers se rencontrent alors: blagues, fables, déclamations, monologues, implorations. Tantôt les acteurs jouent les ouvriers, tantôt ils se meuvent comme sur une scène de théâtre ou s'immobilisent artificiellement, leur phrasé suivant ces modulations de registre. Ce qui se joue ici? Une forme de contamination peut-être: la machine se trouve personnifiée (on la « présente » à celle qui la manipulera, on lui adresse des prières) et en retour, son opérateur manifeste par moments une sorte de robotisation: ses mots tournent en boucle comme ceux d'un disque rayé, sont récités mécaniquement, ou sautent d'une paire de lèvres à une autre. Tout cela donne aux corps des acteurs quelque chose d'irréel, faisant écho aux paroles de l'un des protagonistes pour qui la qualité majeure de son travail est de rendre possible une absence à soi. Fort heureusement, le film ne peut se réduire à de telles interprétations: il se vit d'abord comme une expérience sensible et instinctive que les mots ne peuvent épuiser.

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Avec ses séquences dilatées dans la durée et son travail invasif sur le son, ce pourrait être une installation d'art contemporain, destinée aux musées. Mais c'est dans la salle de cinéma qu'il s'offre, sensoriel. L'intellect se charge de prendre le relais pour le reconnecter à l'époque et en apprécier toutes les capillarités politiques. Complainte au creuset duquel se façonne cette variation élégiaque sur le travail, Que ta joie demeure absorbe le désespoir contemporain pour replacer l'humain au centre d'un espace de travail qui l'abolit. Il vous reste 23. 39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s'affichera sur l'autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu'une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette). Comment ne plus voir ce message?

Que ta joie demeure de Denis Côté. 1h10. Sortie le 29 octobre. Le cinéaste québécois Denis Côté a signé depuis son premier film, Les Etats nordiques, en 2005 quatre autres longs métrages de fiction ( Nos vies privées, Elle veut le chaos, Curling, Vic+Flo ont vu un ours) qui comptent parmi ce que le cinéma mondial a produit de plus inventif au cours de cette décennie. Il a en outre pris l'habitude d'explorer, entre deux films au format classique, des pistes plus expérimentales. Ce fut le cas avec le très beau Carcasses révéla à Cannes en 2009, et c'est le cas avec ces deux films qui se font écho à deux ans d'écart, Bestiaire sorti en 2012 et Que ta joie demeure qui sort aujourd'hui. Ces deux films reposent sur la même hypothèse, ou plutôt la même revendication de cinéaste: tout, absolument tout ce qui existe en ce bas monde est susceptible de devenir bouleversant de beauté, à condition d'être bien filmé. Avec Bestaire, Côté en donnait la preuve en tournant sa caméra vers des animaux. Cette fois, ce sont des hommes et des femmes au travail, les gestes et les outils du labeur manuel sous des formes variées qui mobilisent son attention.

Que ta joie demeure | MK2

6 novembre 2014 20 h 30 -> 21 h 40 Lieu: Le Dieitrich – Poitiers Horaire: 20h30 Tarif: 5€ Bourse spectacle: 2, 5€ Un film de Denis Côté Documentaire – Canada – 70min – 2013 – Metafilms Exploration libre des énergies et des rituels trouvés sur des lieux de travail divers. D'un ouvrier à l'autre, d'une machine à la prochaine; de ces mains, ces visages, ces pauses, ces efforts, que peut-on établir comme dialogue absurde et abstrait entre l'homme et son besoin de travailler? Lien vers le site du film Bande-Annonce QUE TA JOIE DEMEURE from Denis Cote on Vimeo. « Que ta joie demeure » est d'une belle facture, fragile et solennelle (…) Avec ce film fragile et sensible, Denis Côté confirme la permanence d'une oeuvre atypique. » Vincent Thabourey – Positif « Le plus expérimental des cinéastes canadiens revient avec une allégorie sur le travail. Avec son titre aux accents bibliques, cette « étude » (au sens behaviouriste et musical du terme) atteint une vraie transcendance. » Sandrine Marques – Le Monde « Magnifique titre incantatoire pour cette nouvelle expérimentation du Québécois Denis Côté, proposant une plongée dans une usine en tant qu'entité quasi monacale, avec son rythme, ses lois une forme de dévotion… Que la magie opère.

Cette alternance de lieux, machines, costumes, actions divers donne à l'ensemble une tonalité quasi fantastique. Le cinéaste aurait pu en rester là sans rougir. Mais l'on aurait été déçu/e, peut-être, que le film demeure dans une contemplation sensible, adroite, mais trop confortable, si des percées de fiction n'étaient bientôt venues y injecter la petite dose d'inconfort que l'on attendait – et sans laquelle Denis Côté ne serait pas Denis Côté. Invention En réalité, tout avait commencé dès le premier plan, génial: de dos, le visage tourné vers la caméra, une femme s'adresse à un interlocuteur imaginaire. Connaissant le sujet du film, on peut facilement voir dans cette tirade, qui semble destinée à un amant, l'adresse d'une ouvrière à sa machine. Mais la menace « Je te détruis si je veux » pourrait aussi bien être celle d'une machine à « son » ouvrier/ère. À l'image de cette ambiguïté initiale, le film constitue à partir des comédiens non des personnages, mais des présences physiques et parlantes à l'identité flottante.

Compétition internationale QUE TA JOIE DEMEURE JOY OF MAN'S DESIRING Denis Côté 69', 2014, Québec / Canada jeudi 20 mars, 15h45, PS + débat vendredi 21 mars, 18h45, C1 + débat mercredi 26 mars, 14h00, CWB Mêlant documentaire et fiction, Denis Côté interroge le rapport de l'ouvrier à sa machine, de l'homme au travail mais aussi à la lumière, à la matière et au son. Blending documentary and fiction, Denis Côté questions how workers relate to their machines, and man to his work, to light, to matter and sound.

September 2, 2022, 10:00 pm